Lettre de M. Eric Boeuf sur ses recherches dans l’Obiou (2009).

Présentation de la lettre de M. Eric Bœuf  ( Mr Lecourtier) :

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Mr Eric Boeuf, alpiniste averti ( sportif de l’extrême ) a fait 32 ascensions réussies de l’Obiou. A l’occasion de l’une d’elle, il a découvert par hasard de nombreux morceaux du DC4 qui n’avaient pas été repérés jusqu’à ce jour, morceaux probablement entrainés par  une avalanche et se trouvant donc en un lieu inattendu. Comme il le dit dans la lettre qui suit , il a descendu de nombreux fragments dans la vallée ( parfois en hélicoptère )  « afin de rendre hommage aux victimes , d’une façon ou d’une autre…. ». Sa démarche a été appréciée par beaucoup ( l’Evêque de Québec, le recteur de Notre Dame de La Salette…..)  et critiquée par d’autres……. Vous trouverez à la fin de cet article un film très bien fait retraçant ce gros travail. Mais je lui laisse la parole.

 

« Bonjour,

Je tenais à  apporter  quelques  petites  précisions  suite  aux  différents écrits que j’ai pu lire sur ce magnifique blog  réalisé  par  Mr  LECOURTIER (Bravo au passage).

Amoureux de l’Obiou, amoureux de cette belle région (de Corps à la  Salette, en passant par Mens, Pellafol, Cordéac, La Croix de La Pigne, Saint  Etienne et Saint Disdier en Dévoluy  et  bien  d’autres  encore)  et  proche  de  la catastrophe aérienne pour de multiples raisons, j’ai en effet  décidé,  avec une équipe d’amis qui  partage  ce  projet,  de  rendre  hommage  au  peuple québécois et plus particulièrement aux nombreuses familles des  victimes  de cet accident.

Pourquoi ? Pour quoi ? Pour qui ?
Seule la mémoire des canadiens et plus précisément des québécois compte.  Je sais que certaines personnes de la vallée trouvent cela  bizarre,  disent qu’il ne faut pas toucher ce lieu car c’est  un  sanctuaire.  Ce  n’est  pas l’avis des nombreuses familles de victimes qui au contraire, sont  contentes de savoir que de nouveaux débris sont mis à jour et  qu’ils  permettront  de rendre hommage aux victimes (sous une forme ou sous une autre). Une catastrophe aérienne marque forcément  les  gens  qui  en  sont  touchés directement (les victimes et leurs familles) mais aussi  indirectement  (les sauveteurs, les journalistes, les autorités, les curieux…) Je sais de quoi je parle puisqu’en tant  que  secouriste  réanimateur,  j’ai fait partie d’une équipe de secours à la Sécurité Civile de 1986 à  1989  et je suis intervenu à plusieurs reprises sur des accidents d’avions  notamment dans le cadre de Plan SATER mais aussi dans  le  cadre  de  manoeuvres  dont j’avais la responsabilité de l’organisation. Un fois, le hasard a fait que je suis intervenu le premier (avant  l’arrivée des Sapeurs Pompiers) et j’ai retrouvé le pilote d’un avion de tourisme  qui venait de s’écraser lors d’un meeting aérien (sous les yeux de  son  épouse, spectatrice dans la foule..)
Ce sont des images que l’on n’oublie pas…

 

En contact avec l’Evêché du Québec qui, avec  l’aide  du  Sanctuaire  de  La Salette, entretient le petit cimetière où sont  inhumés 53 des 58  personnes de ce drame, l’objectif est de faire quelque chose  de  symbolique  pour  le 60ème anniversaire du crash, le 13 novembre 2010. Depuis mai dernier, j’ai passé  près  de  100  heures  dans  le  secteur  de l’Obiou et je l’ai à nouveau gravi à 3 reprises (pour  le  plaisir  et  pour mes recherches)  Je n’ai aucun intérêt personnel à vouloir garder des morceaux d’avion  (chez moi ou ailleurs) ou autres objets provenant de l’accident.

Il n’est pas impossible que certains morceaux du DC4  soient  déposés  (brut ou travaillés) aux abords de ce petit endroit  sur  la  route  qui  mène  au sanctuaire. Bien entendu, si certains villages (je pense à Pellafol  avec  notamment  la superbe Maison du Patrimoine rénovée) souhaitaient  avoir  des  morceaux  de l’avion en mémoire à leur participation  active  au  secours,  je  n’y  vois absolument aucun inconvénient.

Je tenais cependant à apporter quelques petites  précisions  et  donner  mon avis sur ce que Mr Georges JOUAN nous confie dans son  petit  mot  du  3  juillet dernier ; pour moi, le sanctuaire  a  quand  même  un  petit  lien  avec  la catastrophe et plus précisément dans la période  post-accident.  Dans  celle du recueillement.

Histoire du cimetière de La Salette -Fallavaux
Si  les  victimes  n’ont  été  enterrées  que  beaucoup  plus  tard   (lieux définitifs de sépulture 1955), c’est qu’au départ, la majorité des  familles souhaitaient que leurs proches soient enterrés au sanctuaire même.
Les pauvres pèlerins n’avaient pas choisi de mourir sur  l’Obiou  mais  leur familles avaient au moins le choix de leur lieu de sépulture. Pour des prédicateurs, le fait pour des voyageurs  d’aller  mourir  si  près d’un sanctuaire  international  constitue  une  indication  providentielle : « Qui oserait éloigner de la Vierge ceux qu’Elle s’est attirée ? » C’est le père  Paul  LAURENT  (recteur  du  Sanctuaire)  qui  s’occupera  du dossier des Canadiens de l’Obiou.
Mais il faut préciser ce qu’il faut entendre par « La Salette ».  Au  moment d’instituer un cimetière alpin, on hésite  entre  le  site  sommital  et  un endroit plus bas, moins fermé l’hiver par la neige. On attribue  au  général
G. VANIER (ambassadeur du Canada en France) l’idée de faire l’inhumation  au lieu précis de l’apparition de la Vierge dans la montagne, vers 1770  mètres . A la fin, on se fixera sur un centre  plus  accessible  à  la  suite  de  la difficile montée de Mgr C.-O. Garant, en juin 1951 ; le site de  repli  sera donc situé à une altitude plus faible que celle du sanctuaire.
On peut donc compter sur  un  geste  d’une  grande  bonté  de  l’Association diocésaine de Grenoble. En effet, elle fait don  à  l’archevêque  de  Québec d’une « petite chapelle » dite Notre-Dame de Douleur (des  Douleurs  ou  des Sept Douleurs) et « d’un pré  attenant »  dans  la  commune  de  la  Salette
Fallavaux.
Ainsi le cimetière principal de cette catastrophe se trouve donc à  quelques kilomètres de Corps en montant par l’unique route qui  monte  au  Sanctuairede ND de la Salette.
Ceci n’enlève en rien le travail des secours et d’identification  des  corps effectués notamment sur le petit village de la Croix de la Pigne.
Toujours dans cette lettre Eric nous donne une deuxième précision concernant la photo qui suit  :

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Cette photo agrandie, est bien en vue dans la  salle  de  la  Maison  du  Patrimoine consacrée à la  catastrophe  de  l’Obiou.  Elle est annoncée comme étant  l’ascension du Couravou (qui va de la Casse de l’Obiou à la Casse Fouira) . Mais c’est une erreur .  En effet il s’agit de l’ascension de l’épaule du petit endroit. Pour avoir déjà fait l’ascension des 2 secteurs, la montée  par  le  couloir du Couravou ne peut pas se faire non encordé  (il  y  a  un  passage  à  70° d’inclinaison de pente) et certainement pas avec autant de monde.  De  plus, à cette époque de l’année, il n’y avait pas de  glace  suffisamment  épaisse pour s’assurer (uniquement quelques centimètre de neige fraîche)Pour être plus précis, il  s’agit  de  l’ascension  du  versant  sud-est  de l’épaulement du Petit Endroit. La notion de « Petit Endroit » possède d’ailleurs  trois  sens.  D’après  le premier, elle comprend tout  l’épaulement  (protubérance  rocheuse)  composé d’un sommet (2350 mètres) et deux versants : un versant  oriental  au-dessus d’éboulis figurés (visibles en haut à gauche sur la  photo)  et  un  versant occidental ouvert directement sur la Casse Rouge ou Casse Fouira. Dans le second, le Petit Endroit ne s’applique qu’à  une  minime  partie  du versant ouest, c’est-à-dire un passage  presque  obligé  entre  deux  dalles fortement  redressées.  Enfin, l’expression  ne  renverrait  qu’au   sommet herbeux faiblement incliné. On appelle  aussi  le  site  Petite  Caille,  en référence à des oiseaux. La caravane des secours (sur cette fameuse  photo), engagée dans le versant oriental de l’éperon et se dirigeant vers  la  Casse Rouge a déjà marché 4 kilomètres depuis le col des Faïsses.

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                                                                                  Petit endroit

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Petit endroit vu du vallon . Photo Eric Boeuf 2009.

Mes sources viennent de mes différentes sorties dans le secteur depuis  1983 (32 ascensions réussies sur l’Obiou) mais aussi de  la  Société  Dauphinoise de Secours en Montagne. 15 novembre 1950  via Louis-Edmond HAMELIN dans  son livre « L’Obiou entre Dieu et Diable » -Editions du Méridien – 1990 –  Dépôt légal : 4ème trimestre 1990 – Bibliothèque nationale du  Québec.  IBSN  2  -89415 – 030 – X

Eric BOEUF
Transplanté rénal,
Sportif de l’Extrême,
Chevalier de la Légion d’Honneur,
Secrétaire Général de  la  Société  d’Entraide  des  Membres  de  la  Légion
d’Honneur Section 88

Quelques photos de l’Obiou faites par Eric Boeuf l’été dernier.
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Eric m’a adressé de belles photos prises cet été  que je vous transmets bien volontiers.

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                                                                      En route vers le pas du vallon.

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                                                                         Dans la brêche de l’aile sous le col .

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Obiou . Belle photo d’Eric Bœuf. Il semble évaluer les derniers efforts à fournir. Manifestement le groupe vient de passer un endroit difficile : les cordes sont encore en place juste derrière.

 

.Petit endroit

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                                                                 Photo du « Petit Endroit  » vu du Vallon.

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                                                        ……et quelques passages justifiant les cordes.

 

Obiou en haut des chatières

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Le Vallon de l’Obiou .

FILM

Vous pouvez voir un mini-film de 4’30 » (à mon goût très bien ficelé) réalisé par Christophe VOEGELE (Visuel Création Epinal) sur ce travail colossal de ramassage qu’Eric BOEUF et son équipe a accompli sur le massif de l’Obiou.

Aujourd’hui, la quarantaine de bénévoles continue ce travail pour soutenir la réalisation d’une « statue » avec les débris retrouvés.

Dans l’unique but de rappeler la mémoire de ces 58 victimes.

Cette oeuvre se fait sous la responsabilité de Monsieur Kamel Hattab (professeur d’arts plastiques au lycée de Bains les Bains), avec l’aide de Monsieur Erick Vogel (professeur technique) et ses élèves.

Le tout sous la direction de Madame Dominique ROCHETTE (proviseur du Lycée des Métiers de Bains les Bains) et de Monsieur Stéphane PETOT (chef des travaux au Lycée des Métiers de Bains les Bains)

De nombreuses familles de victimes saluent cet acte généreux et hautement symbolique pour leurs chers (es) disparus (es)

Les courriers affluent du Québec et beaucoup de familles aimeraient savoir où ce « mémorial » sera posé car beaucoup ont déjà fait le voeux de venir le samedi 13 novembre sur place pour assister à l’inauguration de cette oeuvre en présence de nombreuses personnes.

L’endroit sera connu dans les toutes prochaines semaines ; Père Hervé BOUGEARD, recteur du Sanctuaire de La Salette (qui s’occupe de l’entretien du petit cimetière) est en relation et en contact avec l’Evêché du Québec afin de trouver une solution.

Pour voir le film   Cliquez ICI ou sur la photo

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Film d'Eric Boeuf dans l'Obiou 2

 

Pose du mémorial et cérémonie du 4 et 5 juin 2010  Cliquez ICI.

Film résumant en 10mn l’ensemble des reportages : cliquez ICI  .

Pour l’article sur le musée de Pellafol ( concernant cet accident ) cliquez ICI.

Lecture complète de l’article sur l’Obiou : cliquez ICI.

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