Quand les Champsaurins partaient en Chine par Mr Faure Robert.

Article réactualisé en mai 2015

Du Champsaur à la Chine .

 

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Les J. O. de Pékin ont attiré l’attention du monde entier. Nos athlètes français sont revenus avec quelques médailles. Mais au delà de ces Jeux, divers problèmes ont été soulevés. Entre autres, les difficultés qu’ont les 25 millions de chrétiens chinois d’exprimer leur religion. Une religion qui leur a été transmise, au 18 ème et au 19 ème siècle, souvent par des religieux français.

 

Le Champsaur, ultra catholique à cette époque, a fourni sa part de missionnaires. Les familles étaient nombreuses (7 à 10 enfants en moyenne) et il y avait dans presque toutes les familles au moins une bonne soeur ou un prêtre. Et beaucoup partaient en mission.

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 Carte datant de 1860 .

          

L’un d’entre eux, Jean Auguste Iréné FAURE, né le 24 octobre 1852 dans la commune de Saint Jean Saint Nicolas,(diocèse de Gap), à Champincarle, de parents cultivateurs (on peut retrouver, sur internet ,sa déclaration de naissance grâce aux archives numérisées) est encore vénéré par les Missions étrangères de Paris. Sa vie, il faut le dire, a été une suite horrible de drames.

Récupéré dans sa ferme par des missionnaires, Jean Auguste FAURE devenait prêtre le 21 septembre 1878 . A  peine ordonné, ce fils de paysans ne tardait pas à être envoyé au bout du monde, en Mandchourie, au nord est de l’Asie.

Il embarquait à Marseille le 30 octobre 1878 pour Shanghai. Il prenait ensuite une embarcation jusqu’à l’embouchure du Leao. Là, seul, sans guide, ne sachant pas un mot de la langue chinoise, chargé d’une valise, armé d’un parapluie, il parcourait à pied les trois lieues qui le séparaient de ses futurs confrères.

On lui demandait d’abord d’apprendre le chinois, ce qu’il fit, studieusement, pendant deux ans, avant d’installer sa mission à Siao-hei-chan puis à San-t’ai-tze.

Mais, à peine arrivé, le père FAURE était soudain pris de typhus, terrible maladie qu’il parvenait à dominer, alors que les médecins l’avaient abandonné, désespérant de le sauver. 


           Bien qu’affaibli, il continuait néanmoins, sans bruit, avec zèle, avec bonté, à convertir, à propager la foi, à s’occuper des nouveaux chrétiens, donnant des conseils, suggérant des avis, créant pour eux des jardins, développant, au fil des années, un orphelinat, construisant une nouvelle église et des écoles…Jusqu’au jour où les grandes pluies et les ravageuses inondations du Fleuve Rouge réduisaient tout à néant, emportant, en une journée, ses jardins, les récoltes, sa résidence et sa chère église.
           Redoublant de courage et d’énergie, malgré les suites de sa maladie, il rebâtissait et poursuivait inlassablement son apostolat auprès de ceux qui lui faisaient confiance.

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Les missionnaires français s’occupaient de propager la foi, mais ils construisaient aussi, en Extrême Orient, des écoles et des orphelinats.

           Jusqu’au jour où, nouvel avatar: le père FAURE était brutalement attaqué par un chien sauvage qui se jetait sur lui, le mordait à la gorge, lui broyait les deux mains, lui emportait le mollet.
 Bien abattu, le père FAURE ne se remettait pas de ses morsures.

          Lui qui avait craint à longueur d’années la cruauté des soldats chinois, s’attendant au martyr, mourait tout bêtement d’une crise de rage le 7 février 1895 après être resté 17 ans en Chine auprès de ses chrétiens.
           Le père FAURE est enterré en Chine, auprès de l’église de Cha-ling, très très loin de son Champsaur, mais au milieu d’un carré de sapins, qu’il avait lui même plantés en souvenir de ses montagnes natales qu’il n’a malheureusement pas pu revoir.

 

          Autre destin horrible, plus bas en Cochinchine, celui du missionnaire Jean Guillaume Abonnel, né au Domaine, hameau de Saint Bonnet: en 1872, les indigènes se saisissent de lui, le traînent dans la vase le long d’un fleuve, lui arrachent le coeur pendant qu’il vit encore, puis lui coupent la tête.

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De nombreux missionnaires originaires de Saint Bonnet en Champsaur sont partis en Chine ou en Cochinchine, entre autres: les deux frères Jean Guillaume puis Auguste Abonnel, Jean Honoré Eyraud, Jean Victor Gentillon, Emile Louis Lombard, Avit Adolphe Grimaud.
Mais c’est Jean Guillaume Abonnel qui a eu le destin le plus tragique: décapité par les indigènes. Il avait 29 ans. Ce tableau rappelle le sacrifice de tous les martyrs.

Les familles champsaurines ont toutes, dans leur mémoire, des histoires semblables ou  inhabituelles d’émigrants ou de missionnaires.

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